Lomé, 9 octobre 2025 — La blogueuse et militante togolaise Grâce Bikoni-Koumayi a été arrêtée à son domicile par les forces de sécurité, dans un contexte de tension croissante autour de la liberté d’expression et de la critique sociale au Togo. L’affaire suscite une vague d’indignation au sein de la société civile et sur les réseaux sociaux.
Une arrestation qui interroge
Selon plusieurs sources locales, Grâce Bikoni-Koumayi a été interpellée le 3 octobre 2025 à Lomé. Elle a été placée en garde à vue avant d’être déférée au parquet le 6 octobre.
Les autorités lui reprochent d’avoir publié sur les réseaux sociaux des messages jugés « subversifs » et « incitant à la révolte ».
Derrière ces accusations, se cache une figure connue pour ses prises de position citoyennes. Sage-femme de formation, Grâce Bikoni-Koumayi s’est imposée sur les réseaux comme une voix critique des injustices sociales, de la mauvaise gouvernance et des difficultés économiques rencontrées par les populations togolaises.
Un climat de restriction de la liberté d’expression
Depuis plusieurs mois, de nombreux observateurs dénoncent le durcissement du contrôle sur les médias et les plateformes numériques. L’arrestation de Grâce Bikoni-Koumayi apparaît comme un nouvel épisode de ce resserrement, visant à dissuader les voix indépendantes et les militants citoyens.
Dans plusieurs de ses publications, la militante évoquait notamment la situation des populations affectées par l’exploitation du phosphate, les difficultés d’accès aux soins de santé et les inégalités persistantes entre les régions du pays. Ces messages, largement partagés, auraient suscité l’irritation des autorités.
Réactions et solidarité
Des organisations de défense des droits humains et plusieurs mouvements citoyens ont réagi vivement, exigeant la libération immédiate de la militante. Des campagnes en ligne se sont multipliées sous les hashtags #FreeGraceBikoni et #TogoLiberté.
« Cette arrestation illustre la peur du débat libre et de la parole citoyenne », a déclaré un membre d’un collectif associatif à Lomé. « Punir une femme pour avoir dénoncé la misère et l’injustice, c’est un aveu de faiblesse du pouvoir. »
Une affaire symbolique
Pour beaucoup, le cas de Grâce Bikoni-Koumayi dépasse sa personne : il symbolise la tension entre la volonté d’expression populaire et un pouvoir politique souvent accusé de verrouiller l’espace public.
Alors que le Togo célèbre plus de 60 ans d’indépendance, cette affaire remet en lumière les défis démocratiques du pays et la nécessité de garantir les droits fondamentaux de chaque citoyen, notamment celui d’exprimer librement ses opinions.